–
Pour paraphraser une citation sur le zoo :
« Le Pantanal : un endroit conçu pour que les animaux puissent étudier les moeurs humaines »
– – –
Le Pantanal. La plus grande région humide de notre planète, 200 000 km² enjambant le Brésil, la Bolivie et le Paraguay. Une énorme plaine située dans le bassin du rio Paraguay, arpentée par de nombreux cours d’eaux durant la saison sèche et carrément noyée sous les flots quatre mois par an. Un petit coin de paradis pour nos amis les plantes et les animaux, faisant du Pantanal un des écosystèmes les plus denses au monde.
Voici donc contée la traversée cycliste du Pantanal, de Miranda à Corumba (Brésil), en passant par la Estrada Parque, par le biais de succulentes anecdotes des plus bestiales !
Parmi les 650 espèces d’oiseaux recensées au sein du Pantanal se trouve le tuyuyu ou jabiru mycteria, l’oiseau symbole de la région. De la famille des cigognes, son nom provient du guarani et signifie « cou gonflé » : jugez par vous-même !
Petite parenthèse à l’eau de rose, saviez-vous que le colibri répond au doux nom de « beija flor » en portugais, soit « celui qui embrasse les fleurs » ? Justement, pour parvenir à extraire le pollen des fleurs en plein vol, ces oiseaux battent leurs ailes jusqu’à 80 fois par seconde.
Parmi les 80 espèces de mamifères dénombrés dans le Pantanal se trouve le plus gros rongeur au monde : le capybara, soit le « seigneur des herbes » en guarani. Pour vous permettre d’appréhender un peu la bête : animal semi-aquatique doté de pieds palmés, il mesure environ 50 cm de haut, entre 105 et 135 centimètres de long et pèse de 35 à 65 kilogrammes ! Présent en Amérique du sud, le capybara est aujourd’hui en voie d’extinction car chassé pour sa chair. Un fait étonnant chez cette espèce est la collectivisation de l’élevage des jeunes au sein des groupes : l’ensemble des jeunes sont confiés à un des adultes, mâle ou femelle, ce qui permet aux autres de vaquer à d’autres occupations.
Mais le Pantanal est surtout habité par le mythique jaguar que l’on n’aura pas vu mais qui s’avère être le must absolu pour l’écotourisme de luxe. A tel point que cela engendre des dérives de quasi domestication des animaux relatées par un biologiste bolivien ayant travaillé de nombreuses années pour le compte de grandes haciendas du Pantanal brésilien. Les animaux sont en effet nourris, capturés et relâchés près des routes où s’apprêtent à passer les groupes de touristes.
Comme dit Moa, le Pantanal fut une excellente antidote anti-peur injectée brutalement dès sa montée en selle. Comprenez : à côté de la traversée du Pantanal, tout nous parait paisible au niveau dangers. En effet, chez nos amis les animaux, certains étant moins sympathiques – outre le jaguar -, le camping sauvage est par conséquent peu recommandé !
Parmi les 50 espèces de reptiles, il y a tout d’abord et surtout les caïmans. Dans tous les cours d’eau. Ils pululent. Rien que chez la célèbre Dona Maria dos Jacarés chez qui on a planté notre tente, on en dénombre pas moins de 1400 lézardant dans le bassin à côté de sa maison isolée sur la route entre Miranda et l’intersection de l’Estrada Parque. Il faut dire qu’elle les a apprivoisé, les appelle par leur nom, les carresse avec tendresse et leur grimpe carrément dessus (non, il n’y a rien de sexuelle là dedans!). C’est une toute autre relation que celle établie par nos amis braconneurs de Porto da Manga – parmi lesquels se trouve un flic planqué ! – qui, quant à eux, ont pour passe-temps favori de chasser le caïman pour en faire de la chair à saucisse et autres mets étonnants. Le braconnage est malheureusement une réalité qui menace la faune du Pantanal.
Toujours dans la catégorie « reptiles », il y a ceux qui jouissent le moins de ma sympathie : ces sserpents qui ssifflent un peu trop près de nous. Le cobra connu pour son agressivité et son venin mortel, venu se réfugier sous notre tente et qui est venu me narguer à moins d’un mètre (j’en cauchemarde encore). L’anaconda amoureux, dont on a trouvé des exemplaires de peau dans les rivières où l’on nageait, et dont la femelle attire de 2 à 12 mâles enroulés autour d’elle à l’occasion de l’accouplement qui dure non moins de deux à quatre semaines. Pour clôturer le tout, les femelles dévorent ensuite parfois l’un ou l’autre mâle !
Parmi les 260 espèces de poissons que compte le Pantanal, saviez-vous qu’en réalité la plupart des piranhas sont végétariens ? Ceux qui ne le sont pas ne se montrent agressifs que lorsqu’ils se retrouvent coincés dans des espaces d’eau restreints en saison sèche. Bref, les histoires légendaires d’humains dévorés par ces bestioles s’avèrent être extrêmement rares mais il est en revanche plus commun qu’elles arrachent l’un ou l’autre bout de doigts !
Mais les bestioles, on les aura surtout humées le long des routes, agressées par l’odeur âpre des cadavres en décomposition des bestioles fauchées par des chauffards pressés. Jamais je n’aurai apperçu autant de cadavres d’animaux le long de routes. Comme j’ai coutume de dire, « plus je roule à vélo, plus je déteste les bagnoles ». En somme, si le Pantanal est un endroit où les animaux peuvent étudier les moeurs humaines, les résultats doivent être loin d’être glorieux.
– – –
Enfin, last but not least, il y a cette curieuse bestiole qui me colle aux pattes depuis le début de la traversée du Pantanal. Une tâche noire et or continuellement en vue dans mon rétroviseur (impossible de nous rattrapper, Caminante et moi !). La tâche noire : une vieille bicyclette rafistolée armée de sacoches confectionnées à partir de chambres à air et recouvertes de sacs poubelles pour assurer l’étanchéité. Magali. Comme le personnage de la BD brésilienne Turma da Mônica (« La bande à Monica ») qui se goinfre et demeure somme toute maigrichonne, elle, elle avale les kilomètres et garde une taille fine (évidemment, puisque c’est Caminante qui porte tout le matos !). Tel vélo, tel cycliste. La tâche or, c’est la chevelure blondasse de la viking hispano-suédoise, droguée à l’or noire (comprenez, au café) et qui coince du tabac sous sa lèvre pour combler son manque de nicotine lorsqu’elle pédale ! Prof d’anglais et assistante pour personnes déficientes avant de partir en voyage, elle est suffisamment allumée que pour avoir décidé de m’accompagner pour un brin de chemin (jusqu’à fin août a priori). Pour les plus fidèles des lecteurs, vous aurez sans nulle doute reconnu Moa – oui, Moa, pas « moi », mais « M.O.A. » – la célèbre viking du Polymagou (le voilier avec lequel j’ai traversé la première partie de l’Atlantique) ! Car la couleur or, c’est peut-être et surtout, parce que c’est une fille, une amie et une compagne de voyage en or – mais surtout, ne lui répétez pas, elle se permettrait de piquer ses coups de gueule sans culpabilité aucune !
En route pour la suite des péripéties en Bolivie… non plus en solo mais toujours bien au féminin !
Momo et Mo(mo)a!
Bonjour Chère Momo la Cigale
tu continues à me faire rêver et parfois frissonner en racontant ton voyage et les péipéties qui l’émaillent.
je reste un de tes inconditionnels fans
Grosses bises
Tonton Nanard
Toujours un plaisir de te lire…